Bodhidharma

Bodhidharma, moine bouddhiste certainement venant du sud de l'Inde, est reconnu comme le fondateur en Chine de l'école Chán /Tch'an, courant contemplatif du mahāyāna, devenue au Japon l'école Zen connue en Occident.



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Définitions :

  • 28ème patriarche et fondateur du Zen (vers 500?) (source : bouddha)
Bodhidharma
Rouleau calligraphique japonais de Hakuin Ekaku (1685-1768) représentant Bodhidharma : « Le zen va droit au cœur. Vois ta véritable nature et deviens Bouddha. »]
Rouleau calligraphique japonais de Hakuin Ekaku (1685-1768) représentant Bodhidharma : «Le zen va droit au cœur. Vois ta véritable nature et deviens Bouddha.»]
Naissance  ?
(Inde)
Décès 536?
()
École/tradition Chan (Bouddhisme mahāyāna)
Célèbre pour Introduction du Bouddhisme mahāyāna sous la forme du Chan en Chine depuis l'Inde
Premier patriarche du Chan
Huike

Bodhidharma (sanskrit : «enseignement de sagesse» ; chinois : Pútídámó ???? ou Dámó ?? ; EFEO : Tamo[1] ; japonais : Bodaidaruma ou Daruma ; tibétain : Dharmottara) (? - 536 ?), moine bouddhiste certainement venant du sud de l'Inde, est reconnu comme le fondateur[2] en Chine de l'école Chán /Tch'an (?), courant contemplatif (dhyāna) du mahāyāna, devenue au Japon l'école Zen connue en Occident. L'école Chan prétendant remonter au Bouddha[3], Bodhidharma est reconnu comme son 28e patriarche et comme son premier patriarche chinois.

Le Nouveau recueil de biographies des moines éminents[4]le fait arriver en Chine durant la dynastie Liu-Song, (420–479), opinion retenue par la majorité des spécialistes, mais L'Anthologie de la salle du patriarche[5] situe sa venue sous les Liang (502–557) [6]. L'ensemble des sources s'accordent pour situer la majeure partie de son activité dans le royaume des Wei du Nord. L'historiographie respectant les traditions le fait résider durant une période au monastère de Shaolin dont les moines lui attribuent l'invention de leur célèbre kung fu ; ces deux affirmations ne peuvent pas être confirmées historiquement.

Très connu en Chine, en Corée, au Japon et au Vietnam, il y est fréquemment représenté sous l'aspect d'un moine barbu légèrement hirsute, aux grands yeux surmontés de sourcils broussailleux ainsi qu'à l'air sombre.

Biographie (s)

On a particulièrement peu d'indications solides sur sa vie. Les sources biographiques les moins succinctes sont aussi les plus tardives, ce qui augure mal de leur fiabilité. La plus ancienne est la brève notice de Tanlin (??; 506–574), disciple de Huike – ou selon certains, de Bodhidharma lui-même - dans la préface de Deux Entrées et quatre pratiques[7]. Il y est dit qu'il est venant du Sud-Ouest de l'Inde, de famille princière[8], qu'il a «traversé monts et mers» pour porter le dharma en Chine, et qu'il avait plusieurs disciples dont Daoyu (??) et Huike[9]. Sur ces bases, Zvelebil[10] a proposé qu'il pourrait être un prince de la dynastie Pallava, dont la capitale était Kânchîpuram. Cette dynastie étant reconnue par certains comme d'origine indo-iranienne[11], cela permettrait de réconcilier les informations de Tanlin avec la mention d'un Bodhidharma persan rencontré à Luoyang entre 516 et 526 par Yang Xuanzhi (???) [12] ; une autre hypothèse avancée est que le Persan et le premier patriarche du Chan sont deux personnes différentes. La date de 440 a été avancée pour sa naissance.


Selon le Nouveau recueil des biographies de moines éminents (645) [4] de Daoxuan (??), il est d'origine brahmane. Il arrive dans le royaume de Nanyue (donc par bateau) sous les Liu-Song (420–479) et traverse le Changjiang en direction du royaume des Wei du Nord avant la fin de la dynastie. Selon l'auteur, Bodhidharma serait mort avant 534 au voisinage de la rivière Luo où Huike l'aurait enterré dans une grotte. Certains ont par conséquent émis l'hypothèse qu'il aurait pu mourir lors des exécutions ordonnées à cet emplacement en 528 par l'empereur Xiaozhuang[13]


Dans l'Anthologie de la salle du patriarche (952) [5], la légende de Bodhidharma est déjà bien constituée. Il est présenté comme disciple de Prajñātāra. Il arrive en Chine en 527 durant la dynastie Liang (502–557) et a avec l'empereur Wudi une entrevue restée célèbre[14] :

Quand l'empereur lui demande combien de mérites il a engrangés par la construction des monastères et par la copie des soutras, Bodhidharma répond : «Sans mérites». L'empereur : «Quels sont les vrais mérites ?» Bodhidharma : «La sagesse pure est merveilleuse et idéale, son essence est vide et paisible. De tels mérites, on ne peut pas les acquérir par des méthodes mondaines.» L'empereur : «Quel est le sens suprême de la noble vérité ?» Bodhidharma : «La vaste vacuité sans noblesse». L'empereur : «Qui est devant moi?» Bodhidharma : «Je ne connais pas».

L'empereur Wu des Liang étant incapable de comprendre la signification profonde du dharma, Bodhidharma traverse le fleuve Yangzi en 527 et entre dans le royaume des Wei, il s'arrête au monastère Shaolin du mont Song au Henan où il médite pendant neuf ans devant un mur, d'où est venu son surnom de «Brahmane contemplant un mur».

Selon l'Anthologie, Bodhidharma, mort avant 536, fut enterré sur le mont Xiong'er (???) à l'est de Luoyang. Néanmoins, trois ans après, un fonctionnaire des Wei occidentaux (534-556) appelé Songyun (??) l'aurait rencontré dans le Pamir tandis qu'il cheminait vers l'Inde avec une seule sandale. Il lui prédit la mort prochaine de son souverain. Peu après le retour de Songyun, la prédiction se réalisa. La tombe de Bodhidharma fut ouverte et on n'y trouva qu'une sandale.


Dans La Transmission de la lampe (1004) [15], Daoyuan (??) prétend que Prajñātāra changea son nom originel de Bodhitāra en Bodhidharma, et qu'il ne mourut pas en Chine mais se mit un jour en route pour l'Inde sans cérémonie, tenant en main une de ses sandales[16].

Philosophie et méditation
Bodhidharma assis en méditation devant un mur, accompagné de Huike ; peinture de Sesshû

Bodhidharma a transmis son enseignement contemplatif à Hui Ke (487-593) en lui confiant les quatre volumes du Soutra de l'Entrée sur l'Ile (sk. Lankāvatārasūtra, ch. Léngjiā ābāduōluó bǎojīng ????????) qu'il jugeait convenable pour délivrer les Chinois, Hui Ke est devenu le deuxième patriarche de l'école de la méditation en Chine. Ce serait en effet le soutra principal des premiers moines Chan selon l'Histoire des maîtres du Lanka (????? Léngqié shīzī jì) du moine Jingjue (??; 683–750) [17]. Ce soutra, qui se rattache à la philosophie yogacara[18], insiste sur l'importance de dépasser la dualité et l'inutilité du langage pour la transmission du dharma[19].

Cette notion est exprimée dans une stance célèbre attribuée à Bodhidharma, quoiqu'elle date, selon H. Dumoulin, de 1008[20] :

«Le zen va droit au cœur.
Vois ta véritable nature
et deviens Bouddha.»

Dans Deux entrées et quatre pratiques et le Nouveau Recueil de biographies des moines éminents, la technique de méditation de Bodhidharma est nommée «contemplation de mur» (?? bìguān). L'auteur du second ouvrage précise qu'il s'agit de «calmer l'esprit» (?? ān xīn). Ce terme a été interprété littéralement par la tradition, qui décrit Bodhidharma méditant immobile face à un mur pendant plusieurs années. Néanmoins, certains pensent qu'il s'agit d'une expression imagée et que le biguan pourrait être ce qu'on nommera plus tard le zazen (?? : zuòchán).

Shaolin

Quoiqu'on trouve assez tôt mention de moines rattachés au courant Chan résidant au monastère de Shaolin (Faru ??, 638-689, disciple de Hongren, s'y serait installé), la visite de Bodhidharma ne trouve pas de confirmation historique. Néanmoins, la légende qui l'y rattache est connue de tous. Les fondements mis en œuvre dans les arts martiaux dont Shaolin devint le centre sont identiques au principe des koans, ces aphorismes énigmatiques que les moines sont priés de résoudre pour en découvrir les fondements conceptuels, et reflètent la synthèse entre le bouddhisme indien et le taoïsme chinois caractéristique du Chan.

On dit que Bodhidharma découvrit les moines de Shaolin, qui passaient leur vie à recopier des textes sacrés, dans un état physique épouvantable. Il les soumit alors à un régime d'exercices martiaux, techniques qui furent à l'origine de leur extraordinaire technique et des différentes écoles de kung fu. Une autre version prétend qu'il aurait quitté un jour le monastère laissant derrière lui deux ouvrages : Le Livre de la transformation des muscles et des tendons (yijing jing ???) et le Livre du lavement de la moëlle (xisui jing ???). Le premier, source principale pour l'attribion à Bodhidharma de l'invention du kungfu de Shaolin, est reconnu quasi-unanimement comme un apocryphe rédigé en 1624 par le maître taoïste Zining (??) basé sur le mont Tiantai[21]. D'autre part, la publication en feuilleton entre 1904 et 1907 des Voyages d'un vieux décrépit dans un magazine aurait largement contribué à populariser la légende du premier patriarche à Shaolin[22].

Néanmoins, si certains historiens doutent que Bodhidarma ait mis les pieds au Temple de Shaolin, il n'en reste pas moins que la doctrine, dont il est le fondateur, est reconnue en Chine comme un édifice historique, dont elle est l'héritière.

Autres

Daruma sphérique japonais

En Malaise, on raconte que Bodhidharma dans son voyage depuis l'Inde aborda à Palembang où il passa un bon moment avant de se diriger vers le nord du pays. Il se serait ensuite rendu au Siam puis dans différentes régions de l'Asie du Sud-Est , propageant la méditation et les arts martiaux, avant de se rendre finalement en Chine.

Une légende le lie à la culture du thé : Après avoir médité 7 ans immobile face à un mur, il se serait endormi. Pour éviter que cela ne se reproduise, il se serait coupé les paupières. En tombant à terre elles auraient donné naissance à deux plants de thé, bien utile pour maintenir éveillé les pratiquants du zazen[23].

Une légende veut que, après 9 ans de méditation, les jambes et les bras de Bodhidharma auraient pourri, ce qui serait à l'origine des statuettes sphériques de Bodhidharma et des culbutos Daruma au Japon.

Attribution de textes

Les historiens ne pensent pas que Bodhidharma ait laissé des traces rédigées de son enseignement, ce qui serait d'ailleurs conforme à la notion de transmission du dharma sans recours au langage. Néanmoins, lui ont été attribués :

  • Deux entrées et quatre pratiques (er'ru sixing lun ?????)
  • La stance de la transmission du dharma sans paroles
  • Sermon de la lignée du sang (xuemai lun ???), japonais : ketsumyaku ron
  • Sermon de la destruction des apparences (poxiang lun ???)
  • Sermon de l'éveil (wuxing lun ???)

Références et notes

  1. Dans les sources chinoises, il apparaît aussi, bien que moins souvent, sous le nom de Bodhi, et peut alors être confondu avec un autre moine, Bodhiruci ; voir Bernard Faure, Bodhidharma as Textual and Religious Paradigm, History of Religions, volume 25-3, 1986, pp187–198, DOI :10.1086/46303 [1]
  2. La lignée officielle des maîtres Chan se forme ultérieurement ; l'un des premiers documents à mettre Bodhidharma en tête du Chan chinois est l'épitaphe de Fărú (?? 638–689), disciple de Hongren, selon Heinrich Dumoulin, Early Chinese Zen Reexamined : A Supplement to Zen Buddhism : A History, Japanese Journal of Religious Studies, volume=20-1, 1993, pp 31–53 p37
  3. C'est au VIIe siècle que la lignée Chan est ouvertement rattachée directement au Bouddha via Mahakashyapa dans , par ex., le Chant de l'illumination silencieuse (??? Zhèngdào gē) de Yǒngjiā Xuánjué (665-713) (????)  ; voir Chang Chung-Yuan, Ch'an Buddhism : Logical and Illogical, Philosophy East and West, volume17, 1967, pp37–49 [2] et D. T. Suzuki, Manual of Zen Buddhism, 1948 p. 50
  4. ab Xù gāosēng zhuàn (????)
  5. ab Zǔtángjí (???)
  6. Macmillan Encyclopedia of Buddhism (Volume One), pages 57, 130
  7. Er'ru sixing (?????)  ; japonais Ninyū shigyō ron, attribué à Bodhidharma
  8. revendication émise pour la majorité des missionnaires et traducteurs bouddhistes d'origine étrangère ayant atteint une certaine notoriété
  9. Jeffrey L. Broughton, 1999, The Bodhidharma Anthology : The Earliest Records of Zen, Berkeley, University of California Press (ISBN 0-520-21972-4) , pp 8-9
  10. Kamil V. Zvelebil The Sound of the One Hand, Journal of the American Oriental Society, volume107 -1, 1987 pp125–126 DOI :10.2307/602960
  11. Burjor Avari, India, The Ancient Past, p186
  12. Les Monastères de Luoyang (?????) Luòyáng Qiélánjì (547) et Broughton, pp 54–55
  13. Broughton, p139
  14. Selon John R. McRæ The Antecedents of Encounter Dialogue in Chinese Ch'an Buddhism [3] et Steven Heine et Dale S. Wright, The Kōan : Texts and Contexts in Zen Buddhism, Oxford University Press, 2000, le premier récit de cette rencontre se trouve dans l'appendice d'un texte de Shenhui datant de 758.
  15. Jĭngdé chuándēng lù (????>?)
  16. Alan Watts, The Way of Zen, New York : Vintage Books, 1985, (ISBN 0-375-70510-4) p. 32
  17. [4] Taishō Shinshū Daizōkyō, Vol. 85, No. 2837], p. 1285b 17 (05)
  18. Sutton Giripescu Existence and Enlightenment in the Laṅkāvatāra Sūtra : A Study in the Ontology and Epistemology of the Yogācāra School of Mahāyāna Buddhism, Albany, 1991, State University of New York Press (ISBN 0-7914-0172-3) p1
  19. Suzuki, D. T. The Lankavatara Sutra : A Mahayana Text, 1932
  20. Dumoulin, Heinrich Zen Buddhism : A History, Bloomington, IN, 2005, World Wisdom, 'India and China' (ISBN 0-941532-89-5)
  21. Lin Boyuan (???) Histoire du Wushu chinois Zhongguo wushu shi (?????), 1996, Taipei, Wǔzhōu chūbǎnshè (?????) p 183 et Matsuda Ryuchi (????) Grandes lignes de l'histoire du wushu chinois Zhōngguó wǔshù shǐlüè (??????), 1986, Taipei, Danqing tushu (????)
  22. Henning, Stanley Ignorance, Legend and Taijiquan, Journal of the Chenstyle Taijiquan Research Association of Hawaii, volume 2 -3, 1994, pp 1–7 [5]
  23. Maguire, Jack Essential Buddhism, 2001, New York, Pocket Books (ISBN 0-671-04188-6) et Watts, Alan The Way of Zen, Pelican books, 1962, Great Britain, (ISBN 0140205470)

Voir aussi

Précédé par Bodhidharma Suivi par
Prajñātara
Patriarche du chan chinois
1
Patriarche du chan indien
28
Bodhidharma
Huike

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 16/04/2009.
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