Jardin japonais

Le jardin japonais, issu de la tradition antique japonaise, peut être trouvé dans les maisons privées, dans les parcs des villes, comme dans les lieux historiques : temples bouddhistes, tombeaux shintoïstes, châteaux.



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Jardin de mousse du temple Gio-ji, près de Kyōto

Le jardin japonais (????, ?) , issu de la tradition antique japonaise, peut être trouvé dans les maisons privées, dans les parcs des villes, comme dans les lieux historiques : temples bouddhistes, tombeaux shintoïstes, châteaux. Au Japon, l'aménagement de jardins est un art important et respecté, partageant des codes esthétiques avec la calligraphie et le lavis. À l'inverse des jardins occidentaux qui préfèrent une composition géométrique, les jardins japonais cherchent à interpréter et parfaitiser la nature en limitant les artifices. Certains des jardins les plus connus en Occident comme au Japon sont des jardins secs ou «jardins zen», composés de rochers, mousses et graviers.

Il est envisageable de dresser un catalogue succinct d'éléments «typiques» des jardins japonais, sans chercher plus loin les règles esthétiques qui gouvernent leur agencement. Le jardin est fréquemment organisé autour d'un bâtiment (comme une résidence ou un temple) depuis lequel il est conçu pour être vu. Au-delà de l'architecture propre au bâtiment, on retrouve la majorité des éléments suivants dans de nombreux jardins :

Ces éléments peuvent être réels ou symboliques : dans un jardin sec, l'eau est représentée par des graviers.

Principes et techniques

La composition d'un jardin japonais suit trois grands principes : la reproduction de la nature en miniature, le symbolisme et la capture de paysages. La miniaturisation a pour but la représentation de scènes différentes (montagnes, lacs, rivières, mer) dans un espace restreint ; en plus d'une réduction de taille, elle opère sur une réduction de la complexité — la simplicité est une caractéristique importante dans la majorité des styles japonais. Le symbolisme est issu de la fonction religieuse des premiers proto-jardins ; il sert aussi au travail de simplification. Enfin, la capture de paysages utilise des éléments distants extérieurs au jardin (bâtiments, collines, mer) dans sa composition scénique ; elle agit de concert avec les limites imposées du jardin pour l'insérer dans un contexte plus large.

Le symbolisme

Parmi les représentations symboliques les plus habituelles, un gros rocher isolé figure le mont Shumisen (Sumeru) du bouddhisme ou le mont Hōrai du taoïsme, la montagne des immortels. Deux îles ou deux pierres côte-à-côte, une basse et aplatie, l'autre élevée, représentent une tortue et une grue, qui elles-mêmes symbolisent la longévité et le bonheur.

Des groupes de rochers peuvent représenter le Bouddha et ses disciples : un trio figure alors Shakyamuni entouré de Monja et Fuken[1] ; Josiah Conder détaille même un groupement de 48 pierres dans le jardin d'un temple.

Ce symbolisme se raffine avec le temps : les premières îles «grue et tortue» ont des formes évidentes, qui sont de plus en plus suggérées au fil des générations. L'influence du zen ajoute le symbolisme de la partie pour le tout, et mène à un niveau extrême d'abstraction.

La perspective

La perspective est liée au principe de miniaturisation : en jouant sur la taille des éléments proches et lointains (par exemple, en plaçant de grands arbres au premier plan et des arbres plus petits à distance), il est envisageable de donner l'illusion d'espace à certaines zones du jardin.

Au contraire de la perspective occidentale, reposant sur un plan horizontal et un point de fuite, la perspective du jardin japonais repose sur le «principe des trois profondeurs» de la peinture chinoise, avec un premier plan, un plan intermédiaire, et un plan lointain. Les vides entre plans sont occupés par des plans d'eau, de mousse, ou de sable.

La dissimulation

Les jardins japonais ne se révèlent jamais totalement à la vue, pour des raisons esthétiques : cacher certains éléments selon le point de vue rend le jardin plus intéressant et le fait paraître plus grand qu'il ne l'est réellement. Le miegakure (??, «cacher et révéler») utilise la végétation, les bâtiments et des éléments de décor comme des lanternes pour cacher ou montrer différentes parties du jardin selon la perspective de l'observateur.

Les paysages empruntés

Exemple de Shakkei : Isuien à Nara

Le shakkei (??, «paysages empruntés» ou «emprunt du paysage») est une technique japonaise utilisée par les paysagistes pour donner l'impression d'un jardin aux dimensions illimitées, les jardins japonais étant le plus souvent plus petits que les jardins chinois. Des arbres dissimulent les limites réelles du jardin, et des éléments distants (naturels comme des montagnes, ou fabriqués comme des temples ou des pagodes) sont «capturés» dans la composition du jardin[2]. Les Japonais utilisaient jadis le terme ikedori («capture vivante») pour cette technique.

Le shakkei recourt à quatre plans de composition différents :

Ainsi, les montagnes localisées au-delà du jardin semblent lui appartenir, et on pense pouvoir s'y rendre par les multiples chemins qui se perdent derrière les rochers.

Les premières descriptions de cette technique sont mentionnées dans un ancien manuel de jardinage chinois, le Yuanye (??). Il indique quatre types de shakkei : emprunt lointain (enshaku, ??), emprunt proche (rinshaku, ??), emprunt en hauteur (gyoushaku, ??) et emprunt en contrebas (fushaku, ??).

Parmi les jardins les plus célèbres utilisant la technique du shakkei, on trouve :

L'asymétrie

Le principe d'asymétrie évite qu'un objet ou aspect déséquilibre la composition en paraissant trop dominant comparé aux autres, et rend celle-ci plus dynamique. Il associe le spectateur à la composition, en incitant à parcourir du regard d'un point intéressant au suivant.

Les techniques employées consistent à le mettre hors du milieu du champ de vision, ou à l'accompagner d'autres éléments. A titre d'exemple, les pierres et les arbres sont fréquemment disposés en triangles, symboles de la trinité bouddhiste ; les triplets de pierres dans cette configuration sont nommés sanzon seki ou sanzon-ishi-gumi (????). De même, les pièces d'un bâtiment attenant au jardin peuvent être «encastrées» l'une après l'autre, en diagonale, selon un arrangement surnommé «vol d'oies», faisant partie du style shinden.

Enseignement des techniques

L'art du jardinage est historiquement religieux et ésotérique ; il est transmis oralement (kuden) par un maître à ses élèves. Les manuels sont conservés secrètement et particulièrement peu diffusés. L'introduction du Senzui narabi ni yagyō no zu (1466) précise : «si vous n'avez pas reçu les enseignements par oral, vous ne devez pas faire de jardins» et se conclut par «ne montrez jamais ces rédigés à des non-initiés. Gardez-les secrets». Durant l'époque Muromachi, des jardiniers senzui-kawaramono (?????) issus des castes basses kawaramono (???), côtoient les prêtres zen. Pendant l'époque d'Edo, les jardiniers deviennent une profession à part entière, avec sa propre guilde. Plus il y a peu de temps, l'apprentissage se fait dans des écoles techniques, les senmon gakkō.

Enceintes

Les jardins japonais sont toujours clos. La notion de grands espaces ouverts, comme les pelouses du château de Versailles, est étrangère à l'esthétique japonaise, habituée aux vallées ainsi qu'aux côtes. Les limites du jardin ont le plus fréquemment un aspect naturel : haies, grands arbres, remblais, murs de facture respectant les traditions, palissades ou clôtures en bambou.

Les limites ne sont pas infranchissables : le jardin est le plus fréquemment lié à son contexte, par exemple via l'usage du shakkei.

Rochers

Les rochers jouent un rôle essentiel dans les jardins, issu de leur rôle d'abri des esprits (kami) dans le passé animiste de la spiritualité japonaise. Ainsi, le Sakuteiki s'ouvre sur le titre : Ishi wo taten koto (L'Art de disposer les pierres). Les rochers apportent une forte note «organique» au dessein d'ensemble. Ils sont regroupés, à la manière de sculptures, à des fins d'illustration et de transition (entre une maison et son jardin, par exemple). Les compositions comportent fréquemment 2, 3, 5 ou 7 éléments.

Les roches sédimentaires (suisei-gan) sont lisses et arrondies ; elles sont positionnées au bord des plans d'eau, ou servent de pierres de gué.

Les roches magmatiques (kasei-gan) sont d'aspect plus brut ; elles servent elles aussi de pierres de gué, mais en particulier d'accents forts. Elles symbolisent fréquemment des montagnes.

Les roches métamorphiques sont les plus dures et les plus résistantes ; on les trouve près des chutes d'eau et des torrents.

Pendant des siècles, les rochers étaient choisis selon leur forme et de leur texture, et transportés dans leur état d'origine (leur position naturelle était même conservée dans le jardin). Plus il y a peu de temps, des pierres sont taillées (kiriishi), puis utilisées comme tabliers de pont, comme bassins d'eau, ou comme lanternes. Il s'agit le plus fréquemment de roches sédimentaires, les plus simples à tailler.

Sable et gravier

Jardin du Zuiho-in, dans le temple Daitoku-ji, Kyōto

L'utilisation de sable (?, suna) et de gravier (jari) pour marquer des lieux sacrés remonte à l'antiquité. Des motifs y sont dessinés avec râteaux ; originellement, ils représentaient des vagues et des courants, plus il y a peu de temps, des formes abstraites sont aussi dessinées. Les motifs ondulants tracés sur le sable donnent une impression de mouvement, et offrent un contraste net avec les rochers, statiques.

Chemins

De nombreux jardins comportent des chemins en terre battue, qui peuvent être recouverts de graviers, de pierres plates ou de dalles. Outre leur aspect pratique, ils participent à la composition du jardin : d'une part, l'agencement plus ou moins régulier de pierres elle-mêmes plus ou moins régulières suggère différents niveaux de formalisme ; d'autre part, en guidant le visiteur, ils offrent des points de vue choisis par le paysagiste.

Eau

Engetsu-kyo dans le jardin Koishikawa Kōrakuen, à Tōkyō

L'eau joue un rôle purificateur dans le shintoïsme, et un rôle esthétique dès les premiers jardins, fortement inspirés des jardins chinois.

Les plans d'eau sont fréquemment dessinés en forme de sinogrammes, et presque toujours de manière irrégulière et asymétrique. La majorité sont alimentés par des cours d'eau naturels, certains utilisent des canalisations. Les cours d'eau sont eux aussi aménagés : pour représenter des torrents, ils sont étroits, tortueux, et leur lit est couvert de pierres ; pour représenter des rivières côtières, ils sont larges, presque droits, et bordés d'herbes sauvages ou de fleurs.

À l'endroit où un cours d'eau se jette dans un plan d'eau, on trouve une petite chute d'eau, marquée par une formation de rochers. La disposition des rochers et des filets d'eau suit une classification millénaire introduite dans le Sakuteiki.

Le visiteur peut franchir les étendues d'eau avec une grande variété de ponts. Les plus simples sont une succession de pierres de gué, les plus élaborés sont sculptés en bois (quelquefois peint) ou en pierre.

Plantes

Les plantes sont essentiellement choisies selon des critères esthétiques : elles servent à dissimuler ou valoriser certaines parties du jardin, et fleurissent ou prennent des couleurs à différents moments de l'année. Les mousses sont utilisées dans de nombreux jardins à vocation religieuse. Les parterres de fleurs sont historiquement rares, mais courants dans les jardins modernes.

Certaines plantes sont choisies pour des raisons religieuses, comme le lotus sacré, ou symboliques, comme le pin, qui représente la longévité.

Les arbres sont taillés et leur pousse est soigneusement contrôlée pour donner des formes intéressantes (Niwaki). Ils sont le plus souvent inclinés, ce qui dirige leur ombre, et peut permettre de meilleurs reflets dans l'eau. Certains pins pluriséculaires nécessitent en permanence une série de béquilles pour les soutenir. En hiver, les branches des arbres anciens les plus fragiles sont soutenues par des poteaux, ou suspendues à des cordes, afin d'éviter que le poids de la neige ne les fasse tomber.

Parmi les arbres ou grandes plantes les plus courants, on trouve les azalées, les camélias, les chênes, les pruniers (ume), les cerisiers, les érables (momiji), les saules, les ginkgo, les cyprès du Japon (hinoki), les cèdres du Japon (sugi), les pins (matsu), et les bambous.

Animaux

Carpes koï dans un jardin zen contemporain

Les animaux jouent un rôle assez discret, mais important. Les carpes koï sont employées pour leurs couleurs jaune/orangé, mais également pour limiter les algues et la végétation aquatique. Les tortues, grenouilles et salamandres sont des résidents habituels. Les oiseaux comprennent les canards et autres gibiers d'eau ; ils ajoutent une note de spontanéité au jardin. À Nara, des milliers de cerfs Sika habitent les parcs de la ville.

Éléments décoratifs

Lanterne de pierre, jardin Rikugi-en à Tōkyō

Les lanternes sont apparues avec les jardins de thé. Elles sont utilisées pour éclairer le jardin de nuit, et pour le décorer de jour. Les premières lanternes étaient en bronze, les plus courantes sont en pierre, certaines sont en bois. Il existe des dizaines de styles différents, avec différents niveaux de complexité et de formalisme. Un autre élément apparu avec les jardins de thé est le bassin d'eau (tsukubai), creusé dans une pierre, tout près du sol. Il est alimenté en eau par une conduite en bambou nommée kakei. Dans les jardins d'agrément, ces bassins peuvent être en bronze comme en pierre, ils sont plus hauts, et l'eau sert à refléter le ciel ou des arbres environnants.

Quelques jardins d'inspiration bouddhiste comprennent des petites pagodes, purement décoratives. Elles se trouvent au bord des étendues d'eau (où elles se reflètent), ou au sommet de collines artificielles. On trouve quelquefois des statues, elles aussi d'inspiration bouddhiste. Dans les jardins des temples bouddhistes, elles sont le plus fréquemment en bronze ; dans les jardins d'agrément, elles sont plutôt en pierre.

Historique

Historiquement, les différents styles de jardins sont apparus sur l'île de Honshū, la grande île centrale du Japon. Son climat tempéré et humide, avec quatre saisons bien différentes, a façonné ces styles, enrichis par la diversité de la flore, dont la variété d'espèces d'arbres caducs et sempervirents. La géographie de l'île, en bonne partie composée de massifs volcaniques parcourus d'étroites vallées, a conduit à l'emploi de styles naturels, adaptés aux contours du terrain, et ne cherchant pas à imposer un grand dessein géométrique aux jardins. Les paysages de montagne (pentes raides, torrents, chutes d'eau, pâturages) et de côtes découpées forment tout autant de motifs naturels qui se retrouvent sous diverses formes dans les différents styles.

Antiquité

Au cours de la période Jōmon (avant –300), les abords dégagés des arbres, des rochers ou des chutes d'eau mais aussi des plages de galets sont utilisés à des fins religieuses, et certains rochers ont une signification divine qui sera transmise au shintoïsme : ils abritent les kami. Les premiers sanctuaires shintō de la période Yayoi (–300 à +250), dont le Ise-jingû[3], utilisent des graviers ou du sable pour délimiter un espace sacré (yuniwa). Parallèlement, la culture du riz entraîne le terrassement et l'irrigation, et donne naissance à des lieux dédiés à l'agriculture. La combinaison dans diverses proportions des espaces sacrés et des espaces cultivés amène aux divers types de jardins. Les tertres de la période Kofun (250-538) marquent les premières ébauches de jardins.

C'est sous l'influence du bouddhisme que les premiers véritables jardins sont dessinés, au cours de la période Asuka (538-710), puis la période Nara (710-794). Ono no Imoko, le premier diplomate japonais à se rendre en Chine, ramène de nombreuses descriptions des jardins chinois. En 612, un premier jardin bouddhiste est aménagé par Michiko no Takumi (un immigré coréen, aussi nommé Shikomaro) pour l'impératrice Suiko ; il représente le mont Shumisen (Sumeru) sur une île, au milieu d'un lac artificiel, reliée par un pont au style chinois (kurebashi). D'autres jardins comprennent des reproductions de scènes côtières, des fontaines de pierre, ou des ponts de style chinois. Aucun jardin de cette période n'a été préservé, mais on en connaît les descriptions via des rédigés comme le Man'yōshū, une anthologie de poésie publiée vers 760. Des fouilles récentes à Nara ont aussi permis d'analyser quelques exemples de yarimizu, ou «jardins-rivières». Inspirés par les jardins chinois de la dynastie Tang, ces jardins d'agrément sont aménagés sur une rivière et comportent de nombreuses formations rocheuses, puis se terminent dans un étang ou un lac artificiel. Ils étaient le plus fréquemment parcourus en bateau, où la noblesse s'essayait à des improvisations de poésie. D'autres excavations ont permis de restaurer partiellement deux jardins à Nara, Heijōkyō Sakyō Sanjō Nibō Miya et Tōin.

Époque Heian

Le premier style japonais, shinden-zukuri, qui est essentiellement un style architectural, se développe pendant l'époque Heian (794-1185). Il est fortement marqué par la géomancie chinoise : les bâtiments sont disposés selon les points cardinaux, autour d'un bâtiment central (shinden). Une rivière traverse le complexe du nord-est vers le sud-ouest , puis rejoint une mare au sud du bâtiment (le jardin est nommé chitei ou «jardin-mare»), et repart d'ouest en est devant ce bâtiment. Une île se trouve le plus souvent au centre du plan d'eau ; elle est reliée à la terre par un petit pont (quelquefois plusieurs, fréquemment en bois peint en vermillon) et symbolise le monde des immortels (Horai). Une cour de sable (nantei) recouvre l'espace entre le shinden et le plan d'eau. Tandis que le style shinden des bâtiments est toujours empreint de symétrie, ces premiers jardins sont déjà aménagés asymétriquement, et il est vraiidentique que c'est l'agencement des jardins qui a génèré la naissance de l'asymétrie dans l'architecture japonaise.

Aucun exemple de cette période n'est conservé sous sa forme d'origine, mais des témoignages en sont conservés dans des ouvrages comme le Sakuteiki de Tachibana no Toshitsuna (1028-1094), le plus ancien manuel sur le jardinage japonais, ou des récits comme Le Dit du Genji (Genji Monogatari), le Joural de Dame Murasaki (Murasaki Shikibu Niki), ou Les Miracles de Kasuga Gongen (Kasuga Gongen Reigen Ki). Le jardin du temple Daikaku-ji à Kyōto était à l'origine un jardin shinden. Plusieurs jardins et résidences de Kyōto sont reliés entre eux par des rivières ou canaux, et donnent naissance au style funa-asobi («bateau de plaisance»), conçu pour être vu depuis une barque. Les jardins de l'époque Heian sont marqués par des valeurs esthétiques spécifiques : miyabi (?, le raffinement), mujō (??, la mélancolie, liée à l'impermanence dans le bouddhisme), et aware (??, la compassion génèrée par la beauté). Ces jardins sont déjà conçus pour être attractifs aux différentes saisons.

Vers la fin de l'époque Heian apparaît un nouveau style, issu du mouvement bouddhiste Terre pure (??, jōdo), et plus fréquemment utilisé dans les temples que les palais. Le jardin de style Terre pure (ou Amida) est une représentation du «Paradis de l'Ouest» où règne Amida, et forme un lointain descendant du jardin persan. Il se développe au moment où le pouvoir central s'étiole, et où la noblesse craint pour son avenir. Il reprend le thème du plan d'eau et de l'île centrale Horai (qui devient la Terre pure) reliée par un pont (qui symbolise la voie du salut). Des représentants de ce style sont Byōdō-inUji) et Joruri-ji (près de Nara).

Époques de Kamakura et de Muromachi

Ginshadan, la mer de sable d'argent, au temple Ginkaku-ji

L'époque de Kamakura marque le passage graduel du pouvoir de la noblesse aux militaires (bakufu) et l'ascendance des samouraïs, au moment où le bouddhisme zen couvre dans le pays et où l'influence de la culture chinoise (Song) se renouvelle. Ces transformations provoquent une transition en profondeur de la fonction et de l'esthétique des jardins.

Le bouddhisme zen se développe au Japon à partir du Xe siècle. Les premiers jardins zen sont conçus pendant l'époque de Kamakura (1185-1333)  ; ils délaissent les plantes à fleurs au profit d'arbres sempervirents, et cherchent à créer une atmosphère de calme propice à la contemplation et la méditation. Musō Soseki (1275-1351), un grand prêtre zen de l'école Rinzai, est le principal architecte des jardins de temple de cette époque, dont Saihō-ji, Tenryū-ji ou Risen-ji. L'ambition de représenter l'univers entier dans le jardin pousse à l'abstraction et la métaphore, et vers l'époque de Muromachi (1336-1573) apparaissent les premiers véritables jardins secs (karesansui, «sec-montagne-eau» ; ce terme est déjdésormais dans le Sakuteiki), qui marquent le passage du mimétisme de l'époque Heian au symbolisme.

L'époque de Muromachi est fréquemment reconnue comme l'apogée de l'architecture des jardins. À cette période, l'aménagement de jardins passe progressivement des prêtres à une caste semi-professionnelle de jardiniers, senzui kawaramono, issus de basses conditions, les kawaramono («habitants près de la rivière», c'est-à-dire les zones inondables et insalubres). Ils portent le suffixe “-ami” qui indique leur ascendance populaire. Zen'ami (1386-1482) est ainsi un des premiers jardiniers de basse caste à obtenir une vraie reconnaissance, facilitée par les moines zen, bien plus identiqueitaires que le reste de la société japonaise. Les manuels les plus respectés de cette période sont le Senzui narabi ni yagyō no zu (Représentation des montagnes, de l'eau et des paysages, ∼1466) et le Tsukiyama Sansui Den (Sur les jardins avec collines) de Sōami (1455-1525), l'architecte du Ginkaku-ji et , certainement, du jardin sec de Ryōan-ji.

La noblesse militaire s'intéresse elle aussi aux jardins, mais les voit comme objets de contemplation plutôt que comme lieux d'activité. Ces jardins privés de l'époque Kamakura sont alors essentiellement conçus pour leur attrait visuel, et leurs concepteurs sont les ishitatesō, des «moines installateurs de rochers». Ils sont marqués par le style shoin-zukuri d'architecture intérieure : on les observe depuis une pièce, le shoin (alcove), qui offre une composition comparable à un tableau (en particulier un tableau peint dans le style chinois de l'époque Song), et qui nomme à la contemplation (kanshō ou zakan). Ils forment ainsi une sorte de terrarium à ciel ouvert.

Selon Inaji Toshiro[4], ces deux évolutions marquent les interprétations opposées du même modèle shinden, les temples gardant la cour de sable et choisissant l'abstraction, les soldats gardant le jardin et choisissant la représentation.

Époque Momoyama

Jardin et maison de thé «Shunsoro», construite par Urakusai Oda, frère de Nobunaga Oda

L'époque Momoyama ne dure que 32 ans (1568-1600), mais est marquée par le développement de la cérémonie du thé.

Sous l'influence de Sen no Rikyū (1522-1591), la cérémonie du thé se codifie autour du principe du wabi (??, rusticité ou «raffinement sobre et calme»). À l'opposé des pavillons de thé opulents favorisés par la noblesse, le mouvement wabi-cha rejette les artifices et met en valeur la simplicité et l'asymétrie. Le jardin de thé est une composante de l'espace méditatif indispensable à la cérémonie du thé : il permet la transition du monde extérieur à un espace clos dédié à l'introspection, et symbolise le petit sentier de montagne conduisant à l'abri sommaire d'un ermite. Outre les jardins, l'esthétique de la cérémonie de thé exerce une influence énorme sur la totalité de la culture japonaise.

Parmi les jardins de l'époque Momoyama se trouvent Entokuin, Honpō-ji, Omote Senke et Sanbōin, tous à Kyōto.

Époque d'Edo

L'époque d'Edo (1600-1868) voit le développement de deux classes, les daimyo (gouverneurs féodaux) et les chōnin (bourgeois). Les premiers installent d'immenses jardins de promenade dans leur domaine, alors que les seconds créent de minuscules jardins dans la cour de leur maison.

Les premiers jardins de promenade sont fabriqués pendant l'époque de Kamakura, mais atteignent leurs sommets de popularité pendant l'époque d'Edo (1600-1868). Fabriqués par les aristocrates, ce sont les plus grands des jardins japonais, mais les marchands construisent aussi de petits jardins reprenant les mêmes motifs. Ils dépendent le plus fréquemment d'un palais ou d'une villa, et sont conçus pour la promenade et la relaxation. Ils reproduisent fréquemment des panoramas de Chine ou du Japon, rendus célèbres par la poésie. Le Tsukiyama Teizōden («Création de jardins avec collines») de Kitamura Enkin (1735) est un manuel important de cette période ; il marque le passage de la conception des jardins, jadis une vocation de lettrés, à une guilde de professionnels : les ueki-ya. Sa classification des jardins est fréquemment reprise dans les ouvrages contemporains. Kobori Enshu (1579-1647) est fréquemment reconnu comme le premier paysagiste professionnel ; il est surtout le concepteur du Joju-in, un sous-temple du Kiyomizu-dera, et du Konchi-in dans le temple Nanzen-ji, tous deux à Kyōto.

Les chōnin, marchands et artisans, aménagent chaque espace entre leur petit bâtiment attenant à la rue (omoteya), leur résidence (omoya), et leur entrepôt (kura). Les petits jardins de cour, plutôt devant, sont nommés tsubo niwa ou naka niwa, alors que des jardins légèrement plus grands et plus retirés sont appelés senzai. Leur aménagement est beaucoup hérité des jardins de thé : lanternes de pierre, bassin creusé dans une pierre, pierres de passage.

Ère Meiji

Sous l'ère Meiji (1868-1912), les jardins incorporent des motifs occidentaux, surtout de grandes pelouses dégagées et une grande variété de plantes. Dans certains jardins, les formes occidentales et japonaises cœxistent côte à côte, dans d'autres, elles sont fusionnées. Shinjuku Gyœn est un jardin représentatif de cette période. En 1893, Josiah Conder (un architecte britannique installé à Tōkyō) publie Landscape Gardening in Japan, qui fait découvrir l'art du jardin japonais en Occident. La modernisation rapide du Japon et l'attrait des formes d'art occidentales amènent les Japonais à délaisser provisoirement leurs jardins respectant les traditions, et de nombreux jardins se détériorent progressivement, jusqu'aux années 1930.

Ère Shōwa et jardins contemporains

Jardin ouest du temple Tōfuku-ji (1939)

Les jardins japonais retrouvent leur popularité pendant les années 1930, et en particulier après la Deuxième Guerre mondiale. Mirei Shigemori, Nakane Kinsaku et Mori Osamu sont les principaux acteurs de ce renouveau. Les jardins modernes offrent une grande variété de styles, dont les styles respectant les traditions. L'urbanisation conduit à utiliser au mieux toute parcelle environ plate, et même les toits sont quelquefois aménagés. Les bâtiments publics, les centres commerciaux ou les hôtels comportent souvent un jardin. Des matériaux synthétiques font leur apparition, pour des raisons pratiques (il est complexe d'installer de gros rochers dans le hall d'un hôtel…). Les onsen (sources thermales) de haut de gamme aménagent de plus en plus fréquemment le pourtour de leur source avec un jardin, conçu pour être admiré par les clients qui se baignent.

Parmi les jardins contemporains les plus marquants, on trouve Tōfuku-ji (1939), ou Matsuo Taisha (1975).

Styles

La classification respectant les traditions regroupe les jardins en trois grandes catégories[5] :

  • shizen fūkeishiki, les jardins qui représentent la nature en miniature ; une variante courante de cette classification utilise le terme tsukiyama (??, «colline artificielle»).
  • karesansui (???), les jardins secs, fortement inspirés par le bouddhisme zen et conçus pour la méditation. Ils utilisent une représentation plus abstraite, où du sable ou du gravier figure la mer, et des rochers (quelquefois entourés de mousse) symbolisent des montagnes, des cascades ou des bateaux.
  • chaniwa (??), les jardins de thé, comprenant des chemins paysagés (roji, «chemin de rosée») menant à une maison de thé, portés sur une simplicité extrême.

On peut distinguer aussi trois niveaux de formalisme : shin (formel), gyō (mi-formel) et (informel et simple), selon une distinction venue de la calligraphie. Les niveaux s'appliquent au jardin tout entier, ainsi qu'à chaque élément. A titre d'exemple, un passage de pierres taillées, alignées et serrées est shin, tandis qu'un passage de pierres naturelles, disposées irrégulièrement et espacées, est .

Tsukiyama-niwa, le monde miniature

Rikugien, un jardin de promenade à Tōkyō

Tsukiyama-niwa (???), le «jardin avec colline artificielle» s'oppose à hiraniwa (??), le «jardin plat». Ces jardins comprennent au moins une colline de quelques mètres de haut, ainsi qu'un plan d'eau, des arbustes, arbres et autres plantes ; le plus fréquemment, on y trouve aussi des îles, des ruisseaux, et des ponts. Ces jardins reproduisent ou évoquent en miniature un ou plusieurs paysages célèbres de Chine ou du Japon. Ils peuvent être vus depuis un point fixe, surtout la véranda d'un bâtiment, ou depuis un chemin qui met en valeur plusieurs compositions successives.

Un kaiyūshiki teien est un jardin de promenade, organisé autour d'un lac, à découvrir le long d'un sentier qui en fait le tour. Il utilise le principe de miegakure (dissimulation) pour dévoiler différentes scènes à partir du sentier, et fait fréquemment appel au shakkei pour intégrer les panoramas distants à ces scènes. Ce type de jardin était particulièrement recherché sous l'époque d'Edo.

Les jardins «grue et tortue» utilisent une représentation de ces animaux (fréquemment sous la forme de deux îles, tsurujima et kamejima), symboles de longévité et de félicité.

Les «trois grands jardins» (???, sanmeien) du Japon sont dans ce style :

Karesansui, le jardin sec

Icône de détail Article détaillé : jardin zen.
Jardin sec du temple Ryōan-ji

Énormément de temples zen possèdent un jardin représentant un paysage sec (karesansui, ???). Dans ces jardins, l'eau est absente, mais elle est évoquée par l'utilisation de gravier. Les rochers choisis pour leur forme intrigante, les mousses et les petits arbustes caractérisent ces jardins.

D'autres jardins utilisent des rochers identiques pour la décoration. Ces rochers peuvent venir de différentes parties éloignées du Japon. En outre, les bambous, les persistants tel que le Pin noir japonais ou des caduques tel que l'érable, poussent sur un tapis de fougères et de mousses.

Exemples de jardins secs :

Chaniwa, le jardin de thé

Pendant les époques de Muromachi et de Momoyama se développe la cérémonie du thé, ce qui provoque la construction de nombreuses maisons de thé et salles de thé. On y accède par un «chemin de rosée» (roji, allusion à un sûtra parlant d'un tel chemin où on renaît après avoir échappé aux désirs matériels), d'où l'autre nom, rojiniwa, donné à ces jardins (sotorojiniwa correspond au «jardin extérieur» qui mène de l'entrée au pavillon d'attente). La conception de ce chemin de pierres (tobi-ishi, ??) obéit à des règles complexes et strictes : il mène aux divers lieux de la cérémonie, qui nécessitent chacun des pierres appropriées pour y arriver, ce qui dicte l'emplacement et l'espacement des autres pierres. Leur forme suggère qui plus est la marche à suivre : les petites pierres indiquent un chemin à suivre sans s'arrêter, les grandes pierres sont des plates-formes propices à l'observation du jardin. (Sen no Rikyū conseille une proportion de trois-cinquièmes pour la marche, et deux-cinquièmes pour l'observation. ) Sur le chemin, on découvre mais aussilques lanternes, un bassin d'ablution (tsukubai) et quelques arbres qui forment tout autant de petites scènes propices au détachement ainsi qu'à la méditation, qui sera poursuivie lors de la cérémonie. Un second jardin est quelquefois visible depuis la salle de thé elle-même, il est alors particulièrement simple et réservé, et doit exprimer les idéaux de wabi et sabi («rusticité» et «tranquillité»).

Les jardins de thé sont issus des jardins contemplatifs des temples zen, mais on y marche au lieu d'y rester immobile. Historiquement, il s'agit des premiers jardins explicitement conçus pour être vus en marchant.

Autres styles

Une autre classification utilise les catégories suivantes :

  • chisen-kaiyū-shiki («style à promenade autour d'un étang»), un style importé de Chine comprenant un étang ou lac central, et une colline (ou plusieurs) en arrière-plan, il recoupe beaucoup le style tsuliyama ;
  • hiraniwa («jardin plat»), avec un grand espace ouvert devant un temple ou un palais, fréquemment dans le style karesansui ;
  • rojiniwa, en plus du jardin de thé, décrit aussi d'autres jardins étroits élaborés autour d'un passage

La classification du Tsukiyama Teizōden (1735) utilise deux grandes catégories, tsukiyama et hiraniwa, et les trois styles shin (formel), gyō (mi-formel) et (informel).

D'autres types comprennent :

  • tsubo-niwa (??)  : le jardin-cour intérieure. Le tsubo (?) est une unité de surface qui correspond à 3, 31 m2. Les premiers tsuboniwa sont fabriqués par des marchands, dans les interstices entre leur maison et leurs entrepôts. Ils reprennent la majorité des composants du jardin de thé, avec une prédilection pour les plantes adaptées à l'ombre. Ce type de jardin est actuellement habituel dans les espaces restreints, comme les toits ou les terrasses.
  • kanshōniwa (???)  : le jardin de contemplation, conçu pour être vu d'un seul lieu ; comprend surtout karesansui, le jardin zen.
  • funa-asobi : le jardin-étang, conçu pour être vu depuis un bateau. Les jardins de ce style ancien (époque Heian) ont quasiment tous disparu. Le jardin qui entoure Byōdō-in à Uji est un des rares exemples ayant survécu.
  • shukeiyen : le jardin naturel, autour d'une chute d'eau et d'une mare.
  • sekitei : un très petit jardin de sable et de pierre entouré par une palissade, auquel on accède par une porte ; le terme est quelquefois utilisé comme synonyme de karesansui.

Grands jardins du Japon

Ces jardins ont reçu la classification de «site au paysage exceptionnel» selon la loi de protection des biens culturels[6], ou font partie du domaine impérial. «LPM» indique les jardins figurant sur la liste du patrimoine mondial.

Région Nom Ville Notes
Tohoku Hiraizumi
Kantō Tōkyō
Jardin Hama-Rikyū Tōkyō
Chūbu Kenrokuen Kanazawa
Kansai Ginkaku-ji Kyōto LPM
Nijō-jō Kyōto LPM
Kyōto LPM
Ryōan-ji Kyōto LPM
Kyōto LPM
Kyōto LPM
Saihō-ji Kyōto LPM
Daitoku-ji Kyōto
Jardin du Daisen-in à Daitoku-ji Kyōto
Villa impériale de Katsura Kyōto Domaine impérial
Kyōto Domaine impérial
Chūgoku Korakuen Okayama
Shikoku Takamatsu
Îles Ryūkyū Naha LPM

Sources

Liens externes

  • fujijardins. com Site d'un passionné de culture japonaise, dédié aux jardins nippons classiques.

Notes et références

  1. Christopher McIntosh, Gardens of the GodsMyth, Magic and Meaning, Tauris, 2005, p. 30-31.
  2. Shigemi Inagalien, «La réinterprétation de la perspective linéaire au Japon (1740-1830) et son retour en France (1860-1910)», Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1983, n° 49, pp.
  3. La date respectant les traditions de construction de ce sanctuaire est –4, mais les premiers bâtiments datent certainement du Ve siècle.
  4. Inaji Toshiro, The Garden as Architecture
  5. Young, page 16
  6. Présentation de la loi : MEXT : Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology

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